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L’imaginaire paradoxal de la bagnole

par Thierry Abrial, responsable de la commission "Développement durable" du PS en Ardèche.

Notre société est, paraît-il, celle de la liberté et de la vitesse.

L’imaginaire social associe la liberté à la bagnole, car celle-ci permettrait à l’individu d’être indépendant ou autonome en se soustrayant aux contraintes des transports collectifs. Etonnant ! Le mythe de la bagnole a modifié l’urbanisme et l’habitat, rendu obligatoire des modes vies aliénés à la voiture. Elle a rendu inhabitable les villes au point que les gens n’ont plus envie d’y habiter et souhaitent fuir toujours plus loin …et pour cela font appel à la bagnole. La bagnole a ainsi tué la ville pour la transformer en des métropoles toujours plus étalées le long d’axes routiers où s’alignent des pavillons tous semblables au gré des modes consuméristes et des zones de hangars métalliques, les nouveaux temples de la consommation. Cet étalement, de plus en plus hypertrophié, ne permet plus dans les grandes agglomérations la mise en œuvre de solutions alternatives comme la bicyclette, les bus, le tramway …accessibles à tous.

D’autre part le propriétaire de bagnole imagine que son véhicule lui permet une vitesse de transport incomparable à d’autres moyens. Cela dépend comment le calcul est fait. Si nous raisonnons globalement nous arrivons au résultat suivant ; pour parcourir de 10000 à 15000 kms par an il est nécessaire de consacrer environ 1500 heures à son véhicule qui se répartissent :

-         les heures passées derrière le volant à rouler et dans les embouteillages

-         les heures de travail nécessaires pour payer son véhicule

-         les heures de travail nécessaires pour payer le carburant

-         les heures de travail nécessaires pour payer l’entretien (les pneus, les maintenances …)

-         les heures de travail pour payer l’assurance, le garage …

-         les heures de travail pour payer la part des impôts nécessaires à la collectivité pour déployer et entretenir les réseaux routiers

-         …

Soit une vitesse moyenne comprise entre 6 et 10 km/h, c’est à dire celle d’un cycliste …qui prend le temps de regarder le paysage. On peut pousser le raisonnement plus loin en affirmant que plus les voitures sont puissantes plus elles sont onéreuses et donc moins rapides que les petites voitures. Ce raisonnement démontre les absurdités de notre système prétendu rationnel, la logique économique aurait du nous orienter vers les transports collectifs pour la grande masse des déplacements et vers l’automobile pour quelques cas comme les urgences. La crise écologique et sociale qui s’amorce va nous y obliger, mais le prix à payer sera lourd d’autant plus que les décisions tarderont ...d'autant plus que nous ne sommes pas encore prêts à assumer nos contradictions.

 

Le Pic Vert qui a définitivement perdu ses plumes rouges n'a pas fait l'acquisition d'une moumoute rose, il trouve cependant cet article de son goût, alors... il le dit !

N.B. - L'estimation de vitesse moyenne d'un cyclitste est nettement en dessous de la réalité, même à son âge les gambettes du Pic Vert le propulsent encore au moins deux fois à trois fois plus vite...

 

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